[Event "Dresden Schachverein 50 Years"] [Site "Dresden"] [Date "1926.04.05"] [Round "2"] [White "Johner, Paul F"] [Black "Nimzowitsch, Aron"] [Result "0-1"] [ECO "E41"] [Annotator "Larsen, Nimzo et divers"] [PlyCount "80"] [EventDate "1926.04.04"] [EventType "tourn"] [EventRounds "9"] [EventCountry "GER"] [SourceTitle "100 Jahre Schach"] [Source "ChessBase"] [SourceDate "2000.04.19"] [SourceVersion "1"] [SourceVersionDate "2000.04.19"] [SourceQuality "1"] {[%evp 0,80,19,31,14,-14,-11,4,33,33,33,28,10,19,31,25,47,40,42,42,32,-1,32, -10,-6,-7,-1,-13,-13,-13,-31,-38,-15,-26,-44,-64,-46,-54,-51,-64,-43,-51,-60, -58,-53,-48,-33,-40,-40,-42,-14,-104,-94,-131,-152,-166,-153,-159,-114,-117, -111,-199,-92,-63,-64,-205,-202,-338,-381,-399,-399,-403,-475,-490,-517,-1159, -1177,-1220,-1265,-1515,-1651,-1651,-1023] Le tournoi de Dresde a représenté pour Nimzowitsch une percée dans la mise en pratique de ses principes théoriques ("Mon système"). Il a remporté la victoire avec 8,5 sur 9 devant Alekhine et Rubinstein. Sa partie contre Johner est devenue un classique.} 1. d4 Nf6 2. c4 e6 3. Nc3 Bb4 4. e3 O-O 5. Bd3 c5 6. Nf3 Nc6 7. O-O Bxc3 {Ce coup incite les Blancs à se préoccuper des pions doublés2. De façon alternative, 7... d5 est très solide} 8. bxc3 d6 {Dans la version moderne de cette variante, les Noirs ont mis le Roque en attente.} 9. Nd2 $1 {Cet excellent coup prévient e5} (9. e4 e5 10. d5 Na5 {Nimzowitsch} (10... Ne7 $5)) 9... b6 { /\10...e5 11.d5 Na5 12.Nb3 Nb7 Nimzowitsch} (9... e5 10. d5 Na5 (10... Ne7 11. e4 $1 {Nimzowitsch}) 11. Nb3) 10. Nb3 $2 {Abandonne le contrôle de e4 et ne fait rien.} (10. f4 $1) 10... e5 $1 {Selon Nimzowitsch, les Blancs jouent mécaniquement, souhaitant entrer dans une ligne de jeu qui leur est favorable. « Il fallait continuer à jouer serré, sinon pour empêcher 10... e5, ce qui n'est pas possible, du moins pour en neutraliser la virulence ».} 11. f4 (11. d5 e4 $1) 11... e4 $1 12. Be2 {Les Noirs ont évité l'échange pour implanter un pion en e4 qui exercera une influence nocive sur les Blancs tout au long de la partie7. Dans cette position, les joueurs expérimentés savent que seule l'avance des trois pions situés devant le roi peut leur donner la victoire7.} Qd7 $3 {Un échappement extrêmement difficile et compliqué est ainsi initié. Pour bloquer cette avance, Nimzowitsch place sa dame devant son fou, une approche novatrice qui s'appuie sur sa théorie prophylactique : « l'emploi de gros matériel pour la réaliser parut si nouveau que les contemporains de cette partie en furent - à juste titre - stupéfaits. »} 13. h3 $2 { Affaiblit g3 et perd du temps qui aurait mieux valu être utilisé pour le transfert immédiat du Fc1 sur la diagonale e1-h4 et si possible vers h4 (ou éventuellement g3).} Ne7 14. Qe1 $6 {Encore une perte de temps et l'abandon du contrôle de h5. Selon Nimzowitsch, cité par Le Lionnais7, « les Noirs deviennent capables d'effectuer un blocus complet de la position blanche. » Cette approche est essentiellement stratégique : il renonce aux combinaisons qui procurent un avantage immédiat pour une position qui, à long terme, deviendra gagnante.} h5 $1 {Le début de l'étranglement.} 15. Bd2 (15. Qh4 Nf5 16. Qg5 $2 Nh7 17. Qxh5 Ng3 $19) 15... Qf5 $1 16. Kh2 {Dans cette position, combien de joueurs auraient trouvé le coup qui mène à la victoire ?} Qh7 $1 {La manœuvre d8-d7-f5-h7 est extrêmement originale. « Utilisant h7, où la dame est excellemment postée, pour menacer de paralyser les Blancs par la poussée h4. » (Nimzowitsch, cité par Le Lionnais8) Paralysés par cette manœuvre des Noirs, les Blancs essaient de percer à l'aile dame.} 17. a4 Nf5 $1 {Menace 18... Cg4+ 19. hxg4 hxg4+ 20. Rg1 g3, gagnant la dame pour le cavalier, ou faisant mat. Les Noirs n'ont pas à se préoccuper de la tentative de libération des Blancs, pour un coup seulement9. /\18... Ng4+ 19. hxg4 hxg4+ 20.Kg1 g3 etc.} 18. g3 (18. a5 $1 {(Larsen)} Ng4+ $6 (18... Rb8 $15) 19. Bxg4 hxg4 20. axb6 gxh3 21. gxh3 Nh4 22. Qg3 {It's not easy to prove a clear win for Black - Larsen.}) 18... a5 $1 {Spassky,B (2660)-Fischer,R (2785) Wch28 Reykjavik 1972 (5) 0-1 b6 est plus facile à couvrir que a4, pour cela il y a un fameux successeur : À peine les Blancs parviennent-ils à mettre en branle leur plan que les Noirs les bloquent à nouveau. Par contre, le pion noir en b6 est maintenant affaibli. Ce point faible, Johner appuiera dessus par la suite. Nimzowitsch avait évalué qu'il valait mieux être attaqué en b6 qu'en a5.} 19. Rg1 {Les Blancs ne peuvent pas atteindre l'aile dame et sont peu à peu dépassés sur l'autre côté.} Nh6 20. Bf1 Bd7 21. Bc1 {Les deux côtés se préparent pour l'assaut final. Les Blancs ont évacué la case d2 pour permettre au cavalier blanc de se porter à la défense de leur roi, via d2 et f3, tout en permettant à la dame d'attaquer le pion b6. Que va imaginer Nimzowitsch pour contrer ces deux manœuvres ?} Rac8 $3 {Les Noirs n'ont plus à craindre la fermeture par d4-d5, car ils ont suffisamment de jeu à l'aile roi.} 22. d5 {Appliquant sa théorie prophylactique, Nimzowitsch force les blancs à avancer leur pion d4 sous peine de voir les noirs attaquer le pion c4. Les Blancs « fixent » le jeu au centre, les Noirs n'ont donc plus à se préoccuper du duel opposant le pion c5 noir au pion blanc en d410. Ils peuvent dès maintenant se concentrer sur l'attaque contre le roi blanc.} Kh8 $1 23. Nd2 (23. Kg2 Rg8 24. Kf2 g5 $19) 23... Rg8 {En libérant la case g8 pour la tour, les noirs accentuent la pression sur la position blanche. « Doit-on considérer la manœuvre Dd7-Df5-Dh7 [...] comme étant une manœuvre d'attaque ? Oui et non. Non, car l'idée directrice était de freiner les pions blancs, et oui, car un tel freinage était le prélude logique de l'attaque. » (Nimzowitsch, cité par Le Lionnais)} 24. Bg2 g5 25. Nf1 Rg7 26. Ra2 Nf5 27. Bh1 Rcg8 28. Qd1 gxf4 $1 {Tous ces coups s'inscrivent dans le grand plan de chaque adversaire. Les Noirs font cadeau de la colonne e pour obtenir le contrôle de la colonne g, une décision audacieuse.} 29. exf4 Bc8 30. Qb3 {Le dernier coup de Nimzowitsch laisse croire qu'il veut défendre le pion b6 en jouant ... Cd7 éventuellement. Il a un autre plan en tête.} Ba6 $3 {Ce coup, « diabolique », fait plus que répondre à 31. Dxb6 par 31... Fxc4. Il prépare une série d'échanges fatale aux Blancs. Par exemple, le coup purement défensif 31. Fd2 amène 31... Tg6! 32. Fe1 Cg4+ 33. hxg4 hxg4+ 34. Rg2 Fxc4!! 35. Dxc4, suivi du coup tranquille 35... e3!!, qui force le mat ou gagne la dame blanche.} 31. Re2 $1 (31. Bd2 Rg6 $1 {[%CAl Yh7g7]} 32. Be1 $6 Ng4+ 33. hxg4 hxg4+ 34. Kg2 Bxc4 $1 35. Qxc4 e3 $19 {(Nimzowitsch)}) 31... Nh4 $1 32. Re3 {Nimzowitsch prévoyait une attaque contre le pion e4. Si les Blancs avaient joué 32. Cd2, alors il répliquait par 32... Fc8! 33. Cxe4 Df5! 34. Cf2 Dxh3+!! 35. Cxh3 Cg4 mat.} (32. Nd2 Bc8 $1 (32... Qf5 $2 33. Qd1 $1 Bc8 34. Qf1) 33. Nxe4 (33. Qd1 Bxh3 $1 34. Kxh3 Qf5+) 33... Qf5 $1 34. Nf2 Qxh3+ $1 35. Nxh3 Ng4# {(Nimzowitsch)}) 32... Bc8 33. Qc2 Bxh3 $1 34. Bxe4 { Et non pas 34. Rxh3? Df5+ 35. Rh2 Cg4+ et mat en trois coups. La contre-attaque blanche arrive juste à temps, mais ne peut arrêter les Noirs.} Bf5 $1 35. Bxf5 Nxf5 36. Re2 h4 37. Rgg2 hxg3+ {Les Blancs auraient dû abandonner.} 38. Kg1 Qh3 39. Ne3 Nh4 40. Kf1 Re8 $1 {Nimzowitsch maîtrise parfaitement la situation. Il menace 41... Cxg2 42. Txg2 Dh1+ 43. Re2 Dxg2+!. Les Blancs abandonnent. 0-1 Ou encore, si 41. Re1, alors 41... Cf3+, 42... Dh1+ suivi du mat. "Une des plus belles parties de blocage que j'ai jamais jouées". (Nimzowitsch)} 0-1